Revitaliser les relations au travail : la murmuration comme boussole
- Equus insight Coaching
- 13 juil.
- 4 min de lecture
Créer des collectifs plus libres, plus humains, plus puissants.

Ils sont cinq autour de la table.
Les corps sont là.
Mais le lien est ailleurs.
Parfois, une blague forcée.
Un hochement de tête.
Un soupir.
“L’enfer, c’est les autres.” — Jean-Paul Sartre
Cette phrase, on l’a tous déjà entendue.
Et dans le monde du travail, elle résonne très fort.
On entend si souvent :
“Mon manager me rend dingue.”
“On pourrait avancer, mais mon équipe ne suit pas.”
“Avec elle, ça bloque à chaque fois.”
Oui, les relations au travail peuvent être lourdes.
Parfois franchement toxiques.
Mais est-ce vraiment l'autre le véritable problème ?
Ce que Sartre a vraiment voulu dire
Sartre ne rejette pas la relation.
Il alerte sur ce qui se passe quand la relation est "tordue, faussée, viciée".
Pourquoi ?
Parce que nous nous construisons dans le regard de l’autre.
“C’est l’autre qui porte mes opportunités.” — Christophe Haag, chercheur en psychologie sociale
Si je me fige dans le jugement d’autrui,
je perds ma liberté.
Quand je me conforme inconsciemment au regard de l’autre,
ce n’est pas l’autre qui m’enferme.
C’est moi, quand je laisse son regard définir qui je suis.
Sartre ne parle pas de fuir les autres.
Il parle de reprendre sa responsabilité intérieure :
« Quel que soit le cercle d’enfer dans lequel nous vivons, je pense que nous sommes libres de le briser [...] »
Il nous parle en réalité de notre pouvoir d'exister autrement dans la relation.
L'enfer, ce n'est pas l'autre.
C’est le regard figé que je porte sur lui, sur moi, sur la relation.
Quand la relation se fige, tout s'éteint
Quand tout se fige.
Quand plus rien ne circule.
Alors, la relation devient asphyxie.
Mais la liberté de choisir ses modes relationnels ne suffit pas :
encore faut-il un cadre qui l’autorise.
Le cadre : ce grand invisible qui façonne les relations
Cependant, à force de pointer du doigt seulement les personnes,
on oublie que toute relation naît dans un cadre :
un environnement qui nourrit ou assèche le lien.
La qualité des relations tient autant aux choix individuels …
qu’au cadre qui les rend possibles — ou non.
Même avec les meilleures intentions du monde,
il est difficile de se libérer du regard de l’autre ou de créer un lien sain
si l’environnement pousse à la méfiance, à la compétition ou à la posture défensive.
Et parfois, ce n’est pas une simple incohérence entre le discours et la réalité.
Dans certaines cultures d’entreprise,
le cadre relationnel est délibérément conçu pour produire de la tension :
compétition entre collègues, pression hiérarchique, valorisation des jeux de pouvoir.
Il paraît que ça pousse au dépassement.
Jusqu'à ce que l'individu soit broyé s'il ne fuit pas à temps.
Ce n’est plus un dysfonctionnement.
Ici, c’est une stratégie.
Elle parle d'une culture dans laquelle l'humain est jetable.
Quand le système trahit les intentions
Dans ces entreprises, le cadre relationnel est miné dès le départ.
Le message est clair :
coopère … mais ne fais confiance à personne.
On prône la coopération,
et on évalue individuellement.
On vend la transparence,
et on récompense les jeux de pouvoir.
On parle d’écoute,
mais l’écoute véritable reste rare, noyée dans l’urgence.
Résultat :
les réunions sonnent creux,
les idées meurent avant d’éclore,
la parole vraie se tait — par instinct de survie.
Ce n’est pas une dérive,
c’est le système lui-même.
Un tissu invisible, mais tangible,
fait de peurs, de normes implicites, de silences,
et de compromis accumulés,
jusqu’à ce qu’on ne sache plus ce qu’on accepte vraiment.
C’est lui qui rend les relations tendues, superficielles, glacées.
Pour y survivre,
on se coupe de ce qui est vivant en soi,
et l’autre devient le miroir de ce renoncement.
Mais ce système n’est ni une abstraction lointaine, ni une fatalité :
c’est une matière vivante,
donc transformable.
Le mythe du changement par "le haut"
Regardez une nuée d’étourneaux.
En anglais, on parle de "murmuration".
Ce n’est pas le centre qui décide.
Ce sont ceux en périphérie — plus sensibles, plus libres — qui initient les mouvements.
Et l’ensemble suit.
Dans les organisations aussi, le basculement peut venir :
d’un manager qui choisit de prendre le temps d'écouter
d’un collaborateur qui ose une parole sincère
d’un petit groupe qui décide de coopérer autrement …
Pas besoin d’être un héros.
Juste de choisir l'élan relationnel vivant
plutôt que de se laisser happer par la spirale défensive.
Organiser la confiance, plutôt que subir la méfiance
Vouloir des relations plus saines n'est pas la douce utopie des "bisounours".
C’est un choix stratégique.
Une décision de leadership.
Car c'est un acte de responsabilité collective.
Créer un cadre qui soutient le lien, c’est :
poser un cap clair,
préférer la responsabilisation et l'autonomie au contrôle,
ouvrir un espace d’expression sincère, ...
En résumé, oser le lien plutôt que le jugement.
Comment ?
En sortant du jeu des egos.
C’est là que la confiance commence à prendre racine.
Un cheval pour réapprendre le lien
Le cheval ne juge pas, contrairement à l'humain.
Il ne projette rien sur vous.
Il ne joue aucun jeu.
Mais il perçoit, avec une acuité implacable,
l’endroit exact où vous en êtes dans la relation.
Sans stratégie.
Sans masque.
Sans mots.
Et sans détour.
C'est un sparring-partner relationnel redoutablement juste.
Avec lui, vous apprenez à :
créer du lien sans stratégie,
écouter sans vouloir prendre le dessus,
faire confiance sans vous effacer.
Le cheval ne théorise pas la relation.
Il vous y met.
Car un cadre sain ne se décrète pas.
Il s’incarne.
Parfois, ça pique un peu.
Mais c'est l'aiguillon pour réapprendre à s'ouvrir pleinement à la relation 😉 !
Et si l’entreprise redevenait un lieu vivant ?
Un lieu où les relations libèrent la mobilisation, au lieu de la stopper.
Un lieu où la confiance ne se proclame pas, elle se pratique.
Un lieu où chacun peut retrouver son pouvoir d’agir.
Un lieu où l’on respire.
Où l’on coopère, où l’on grandit.
Avec les autres.
Pas contre eux.
Alors, il suffit d’un frémissement pour réorienter tout un groupe.
Et vous, quel frémissement êtes-vous prêt à initier ?
Si ce texte a réveillé quelque chose en vous,
Le premier pas peut être simple,
léger,
mais décisif.
Martine Clerc
– Fondatrice d’Equus Insight Coaching
📍 Séminaires et accompagnements pour dirigeants de TPE et managers en PME et leurs équipes

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