Quand on veut, on peut ? La volonté authentique
- Equus insight Coaching
- 10 mai
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 mai
Nous avons tous entendu, parfois dit, cette phrase :
"Quand on veut, on peut."
Sur le moment, elle sonne comme une invitation à la détermination. Un encouragement à dépasser ses limites.
Mais dans la réalité, elle est souvent plus culpabilisante que motivante.
Parce que vouloir ne suffit pas.
Parce que l’autre — humain, cheval, ou même notre propre cerveau — ne fait pas ce que nous voulons.
Il fait ce que nous demandons —
consciemment ou non.
Et ce que nous demandons, c’est bien plus qu’une phrase bien formulée.
C'est ce que les chevaux m'ont appris.
Le cheval, miroir de notre intention
Avec un cheval, impossible de tricher.
Il ne répond pas à nos injonctions mentales.
Tu peux vouloir, de toutes tes forces, qu’il passe tel obstacle, te suive ou accélère.
S’il sent que ton intention n’est pas claire, que ton corps dit non pendant que ta tête dit oui, que tu doutes, il ne bougera pas.
Et il aura raison.
Car vouloir, sans pouvoir mobiliser son corps, son énergie, son alignement ...
ce n’est pas vraiment demander.
Le cheval ne te juge pas.
Il constate. Il te renvoie à toi-même, sans artifice, sans détour, sans jeu psychologique.
Quand "quand on veut on peut" devient un piège
Dans beaucoup de relations humaines, cette phrase est utilisée pour rejeter la responsabilité sur l'autre.
Message caché :
" Si tu ne réussis pas, c’est que tu ne veux pas assez. Donc c’est de ta faute."
Elle nie les obstacles, les émotions, le contexte, les limites, les besoins.
Elle culpabilise, subtilement, là où elle pourrait accompagner.
Et surtout, elle décharge celui qui la prononce de sa propre part de responsabilité :
dans le cadre, dans la relation, dans la clarté de la demande.
Dans le triangle dramatique de Karpman, cette phrase devient l’arme du persécuteur avec le masque du sauveur :
une "autorité" qui prétend aider, mais maintient l’autre en position d’échec.
Quand "quand on veut on peut" devient un moteur intérieur
Mais cette phrase peut aussi devenir puissante :
quand elle est prononcée par soi-même.
Dans ce cas, elle peut être un acte de reconquête intérieure :
Une affirmation de pouvoir personnel.
Un choix conscient de se mobiliser malgré les obstacles.
Un levier de persévérance, d’engagement, de résilience.
Elle prend alors tout son sens :
Non pas comme une pression venue de l’extérieur,
mais comme l’expression d’une volonté profonde, libre, habitée.
Les chevaux m’ont appris à discerner
Ils m’ont appris à me poser cette question essentielle :
D’où vient cette volonté ?
Est-ce vraiment moi qui veux ça ?
Ou est-ce un "vouloir forcé",
dicté par ce qu’on attend de moi,
par loyauté,
par peur du rejet,
ou par simple conditionnement ?
Dans un monde qui valorise la performance,
beaucoup veulent "réussir" sans jamais se demander si ce désir leur appartient vraiment.
Le cheval, lui, ne veut rien à ta place.
Il attend juste que tu sois clair.
Un coaching qui remet l'alignement au centre
Dans les accompagnements que je propose avec les chevaux, c’est souvent cela qui se joue :
💡 Retrouver la distinction entre volonté authentique et injonction intériorisée.
💡 Se libérer du regard de l’autre, du besoin de faire ses preuves.
💡 Reprendre les rênes de ce que l’on veut vraiment.
Et parfois, reconnaître que "je ne peux pas" est une vérité légitime, pas une faiblesse.
Alors, demander, au final, c'est quoi ?
Demander, ce n’est pas ordonner.
Ce n’est pas insister.
Demander, c’est s’engager.
C’est formuler un message incarné, clair et cohérent —
où le corps, le ton, l’intention, la posture sont en accord profond.
C’est aussi laisser à l’autre la liberté de répondre, ou non.
Le cheval ne répond pas à nos mots.
Il répond à ce que nous émettons, à ce que nous portons —
et il nous oblige à redevenir sincères dans notre expression.
Demander, c’est oser la relation, dans sa vérité.
Ce n’est pas vouloir que l’autre fasse,
mais inviter l’autre à rejoindre un mouvement que nous assumons pleinement.
Cette vérité, je l'ai apprise des chevaux.
Dans la vidéo ci-dessous, vous me voyez en interaction avec mon cheval, aux longues rênes.
Je lui demande de s’éloigner de moi en utilisant une gestuelle douce, presque imperceptible. Sans un mot.
Il répond. Il part élégamment en épaule en dedans, puis s’élance dans un trot rassemblé, pleinement engagé, connecté, présent.
Ce cheval est aveugle d’un œil.
Il ne voit pas mon geste.
Mais il le perçoit. Il le sent. Il y répond.
Parce que la demande est claire.
Parce que l’intention est alignée.
Parce qu’entre nous, la relation repose sur la confiance, la cohérence, la sécurité.
Ce n’est pas "parce que je veux qu’il parte" qu’il part.
C’est parce que je suis alignée dans mon vouloir, cohérente dans ma posture, et respectueuse de sa sensibilité, qu’il choisit de répondre.
Voilà ce que les chevaux m’ont appris.
Conclusion : Vers un vouloir vivant
"Quand on veut, on peut" devient une phrase puissante quand elle vient de nous.
Pas quand elle nous est imposée.
Avec le cheval, tu apprends à écouter la voix intérieure qui sait ce que tu veux vraiment.
Et c’est là que commence le véritable mouvement.
celui qui jaillit de ton centre.
Celui qui te remet en lien avec ta puissance,
ta liberté d’être,
ton élan vital.
Martine Clerc
10 mai 2025
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