Vers un leadership humain et responsable : réconcilier présence et puissance
- Equus insight Coaching
- 7 juin
- 4 min de lecture
« Mets du Yang dans ton Yin. »
– mais pas comme tu crois.
Ce n’est pas un appel à serrer les dents et foncer.
C’est, au contraire, une invitation à transformer profondément la manière dont nous agissons, décidons, dirigeons.
Dans un monde du travail encore largement gangrené par des logiques prédatrices,
où la conquête, la compétition, la rapidité et la performance sans conscience sont reines …
il est urgent d’agir autrement.
Mais agir quand même.
Agir avec, pas contre.
Agir pleinement vivant.

Une culture du Yang dévoyé
Notre société célèbre l'action brutale :
action, conquête, contrôle, pouvoir, domination.
On récompense la performance individuelle,
la compétition à mort,
la rapidité d’exécution,
la capacité à écraser l’autre.
Dans trop d’entreprises et d’écoles, la vulnérabilité est une faiblesse.
L’intuition, mise de côté.
La lenteur, coupable.
L’éthique, un luxe inutile.
L’humain ?
Un simple « capital » à exploiter comme les autres (financiers, matières premières, ...)
Cette culture s'enracine dès l’école.
se renforce dans les filières dites d’excellence.
et trop souvent se célèbre dans les écoles de commerce ou d’ingénieurs.
Le mot "leadership" y rime souvent avec domination et manipulation.
On y apprend à séduire pour mieux convaincre,
mais rarement à écouter pour mieux comprendre.
On y apprend à parler fort,
jamais à se taire et recevoir l’autre.
Et dans les organisations,
ce sont trop souvent les comportements agressifs qui sont promus,
parce qu’ils "font avancer les choses".
Même s’ils saccagent tout sur leur passage.
Quand le Yin devient fuite
Face à ça, certains cultivent une réponse radicalement opposée mais tout aussi déséquilibrée
tout accueillir,
ne plus rien impulser,
fuir l'action,
refuser l’autorité,
s’abriter dans l'accueil, l'être, la lenteur.
Ces postures sont un leurre.
Refuser de décider,
ne pas oser dire non au nom d’un faux respect,
c’est abandonner le terrain et laisser le pouvoir aux mêmes prédateurs.
Car elle ne transforme rien.
Elle inverse juste les rôles.
Le vrai problème n’est pas l’action,mais le type d’action, son origine, son intention.
Ni fuite en avant, ni repli mortifère.
Nous avons besoin d’un Yang nouveau.
Un Yang nourri par le Yin
Un Yang qui impulse sans dominer.
Qui éclaire sans couper.
Qui ose et s'expose, sans s'imposer.
Un Yang qui prend le temps de l’action juste, ancrée, alignée.
Il ne cherche ni à briller, ni à vaincre.
Ce Yang-là sert un projet plus grand que soi.
Il n'est d'ailleurs pas si nouveau que cela.
Au cours du dernier millénaire avant JC, le Tao chinois parlait déjà du YinYang comme de la voie de la souplesse.
Et si un être non-verbal, non hiérarchique, pouvait nous mettre face à cette vérité ?
Pourquoi les chevaux s'imposent-ils ici naturellement ?
Le cheval, lui, ne suit ni le plus fort, ni le plus doux.
Il suit le plus vrai.
Il suit celui ou celle qui incarne une présence stable, claire, cohérente.
Qui sait écouter son environnement tout en gardant une intention ferme.
Qui sait poser des limites sans violence.
Et avancer, sans fuir, même dans l’incertitude.
Le cheval détecte immédiatement un Yin désincarné,
ou un Yang vorace.
Il ne suit pas les beaux discours.
Il fuit les énergies de prédation,
et rejette les énergies molles ou fuyantes.
Il impose la réconciliation du Yin (écoute, ancrage, perception) et du Yang (intention claire, mouvement, responsabilité).
Et c’est là toute la puissance de cette rencontre :
Le cheval ne te permet pas de tricher avec cet équilibre,
qui transforme littéralement la manière d’enseigner, de manager, de diriger.
Ici, le cheval devient clé de lecture universelle.
Un leadership relié
Ce que je constate chez les managers et dirigeants que j'accompagne,
c’est la nécessité urgente d'un leadership autrement.
Un leadership humain et responsable.
Un modèle ni prédateur, ni passif,
qui ne fabrique pas des clones brillants
mais des êtres conscients.
Un modèle qui écoute avant d’imposer.
choisit l’impact sans écraser.
ose se positionner sans chercher à avoir raison.
Ce n’est pas un leadership mou.
C’est un leadership vivant,
humain et exigeant,
multifacettes.
Un leadership qui remet de l’humain dans la performance,
de la présence dans l’action,
du sens dans la décision.
Comme une entreprise qui ne recrute pas les plus durs mais les plus justes.
Mettons du Yang dans notre Yin
Qu'est-ce que cela signifie au fond ?
Renforcer l’énergie d’action, de décision, de prise de responsabilité (le Yang)
au coeur même de notre capacité à écouter, ressentir, accueillir.
Pas l’inverse, qui mène à cette bienveillance de surface, souvent dénoncée à juste titre —
à ces valeurs affichées, mais trahies dans le quotidien. L’énergie n’est ni gentille, ni méchante.
Elle est mouvement,
force vivante ni douce ni dure par essence.
C’est une invitation à agir autrement,
enseigner autrement,
transmettre autrement.
À redonner de la valeur à ce qui est vivant.
Le jour où ...
Nos écoles cesseront de fabriquer des prédateurs sociaux
pour former des bâtisseurs de liens …
Et si c’était ça, notre humanité retrouvée :
Agir avec conscience,
impacter sans écraser,
décider sans dominer ?
Martine Clerc
7 juin 2025
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