Même un cheval ne peut galoper sans appui au sol
- Equus insight Coaching
- 3 mai
- 6 min de lecture
L’art de la présence : un galop vers soi

Dans le tumulte de nos quotidiens, on cherche souvent à avancer vite.
Mais à force de courir, on oublie de nous poser. De nous ancrer.
D’être là. Vraiment.
Pourtant, même un cheval ne peut galoper sans appui au sol.
Et si cette image pouvait nous guider dans nos vies personnelles et professionnelles ?
Si elle nous rappelait que toute puissance, tout élan, naît d’un ancrage solide ?
Le galop : un équilibre subtil entre appuis et envol
Le galop est une des trois allures naturelles du cheval.
À la fois ancrée et aérienne. Puissante et fluide.
Elle se décompose en trois temps d’appui, où les membres du cheval touchent le sol dans un ordre précis.
Suivis d’un temps de suspension.
Cet instant littéralement suspendu, où plus aucun pied ne touche terre.
Une grâce fulgurante.

Chez certains, cette image éveille une émotion immédiate.
Ils y perçoivent une force vivante, une beauté en mouvement, saisis par sa fluidité et son intensité — comme une échappée hors du temps.
D’autres y projettent un élan vital.
Un lâcher-prise profond.
Un désir d’émancipation.
Le galop, surtout lorsqu’il s’exprime librement dans un espace naturel ou dans une relation de confiance, peut réveiller des émotions archaïques, puissantes.
Comme s’il faisait résonner en nous un souvenir enfoui.
Ou l’écho d’un appel oublié.
Même son rythme parle au corps.
Trois temps, qui reviennent, réguliers.
Comme un battement.
Dans bien des cultures, son rythme résonne à travers les tambours,
les corps en mouvement et les transes rituelles.
De nombreuses cultures l’ont lié à la traversée, au héros, à l’instinct, à la transformation.
Parfois à la mort.
Souvent à la renaissance.
Mais cet instant qui paraît défier la pesanteur
n’existe que grâce aux solides appuis qui le précèdent.
Dans nos vies personnelles : la présence, fondement de l’élan vital
Dans nos quotidiens surchargés, on avance souvent comme en apnée.
Un œil sur l’horloge, l’autre sur la prochaine obligation.
On agit. On s’adapte.
Mais on ne sent plus.
On prend des décisions sous pression.
On parle sans écouter.
On vit sans être là.
Et puis … quelque chose se fissure.
Un vide. Une fatigue qui ne passe plus. Une perte de sens.
C’est souvent là que naît le besoin d’autre chose.
Non pas davantage.
Mais plus profondément.
La présence devient alors une nécessité.
Pas une pause. Un appui.
Elle ouvre un autre espace : celui qui lie ancrage et mouvement :
👉 Celui où l’on peut sentir, discerner, s’aligner.
👉 Celui où nos choix ne sont plus des réactions, mais des réponses.
👉 Celui où l’élan peut revenir… naturellement.
Comme au galop, trois temps précèdent ce moment de grâce, suspendu :
Ressentir son corps, ses tensions, ses élans
Écouter ses émotions, ses besoins profonds
Observer ce qui se joue en soi, autour de soi
➡️ Et alors seulement peut venir ce temps rare, ce temps clair :
Le choix juste.
Le mouvement aligné.
L’élan vital retrouvé.
Et vous ?
Quelle forme de présence, qui vous ressemble, est à l’origine de vos élans les plus justes ?
Dans quel moment de votre journée vous sentez-vous pleinement ancré(e) ? Qu'est-ce qui, à ce moment précis, vous permet de vous connecter à votre propre présence ?
Dans quelle situation récente avez-vous senti que l’action venait naturellement, sans effort, parce que vous étiez totalement en phase avec vous-même et ce qui vous entoure ?
Dans la sphère professionnelle : la présence, levier d’impact et de clarté
Dans le monde du travail, la vitesse est souvent glorifiée.
Réactivité, productivité, agilité.
Mais à trop vouloir aller vite, on perd le fil.
On confond mouvement et progrès.
On agit … sans impact.
Un manager qui “écoute” en répondant à ses mails.
Un dirigeant qui tranche sans entendre les signaux faibles.
Un collaborateur qui s’agite sans boussole.
Autant de postures fréquentes… mais le plus souvent inconscientes.
À long terme, cela génère du flou, du désengagement, de l’usure.
À l’inverse, la présence transforme tout.
Un leader vraiment présent capte l’indicible, détecte ce qui ne se dit pas.
Il perçoit le pouls de son organisation, ce qui se joue dans les silences et dans les corps.
Il ajuste, créant une respiration qui inspire et mobilise.
Une équipe ancrée dans une attention partagée entre dans un autre régime :
une dynamique fluide et créative. Une intelligence vivante.
Les trois temps du galop ici :
Observer sans juger : soi, l’autre, le système
Accueillir les tensions, les résistances, les élans
S’ancrer dans une intention claire et partagée
➡️ Et alors peut émerger ce moment de suspension :
Une décision alignée.
Une vision qui fédère.
Un élan collectif qui a du souffle.
Et vous ? Quand avez-vous, en tant que leader, pris un moment pour vous recentrer et écouter réellement votre équipe, au-delà des demandes immédiates ? Qu’est-ce que cela a changé dans vos interactions et décisions ?
Comment votre propre présence influence-t-elle la façon dont votre équipe répond aux défis ? En quoi cela vous aide-t-il à prendre des décisions plus justes et inspirantes ?
Dans des moments où la pression est forte, comment utilisez-vous la présence pour permettre à votre équipe de générer un véritable élan collectif ?
Le cheval : un maître exigeant de présence
Le cheval ne triche pas.
Il ne joue aucun rôle.
Son temps est au présent.
Ni au passé ni au futur.
Face à lui, nos masques tombent.
Il lit ce que notre corps raconte, bien avant nos mots.
Il sent si l’on est habité… ou absent.
Un humain trop mental, trop rapide, trop dispersé ?
Le cheval s’éloigne. Il se fige. Il se ferme.
Non par rejet, mais parce que l’interaction n’a pas de sens.
Mais dès que la présence s’installe, tout change.
Quand le corps se rend disponible,
quand l’intention devient claire,
quand l’attention s’ouvre sans tension …
Alors le cheval s’approche.
Il regarde.
Il écoute.
Et si vous avez foi, il suit.
Ce n’est pas magique.
C’est vivant.
Avec lui, la présence ne se décrète pas.
Elle se construit par les appuis :
Une respiration qui s’apaise
Un regard qui voit sans juger
Un alignement subtil entre ce que l’on pense, ce que l’on sent, et ce que l’on fait
➡️ Et alors seulement, le mouvement peut émerger.
Fluide.
Juste.
À l’écoute du galop intérieur
Le moment suspendu, celui où tout s’aligne, ne se décide pas.
Il ne s’impose pas.
Il se révèle.
Il se révèle à celles et ceux qui osent ralentir.
Qui acceptent de sentir.
De revenir à leurs points d’appui.
Comme au galop, chaque moment de présence naît d’un enchaînement subtil,
propre à chaque sphère de vie :
Dans nos vies personnelles : ressentir – écouter – observer
Dans la sphère professionnelle : observer – accueillir – s’ancrer
Avec le cheval : respirer – regarder – s’aligner
C’est cette qualité d’écoute et de présence – dans le corps, dans le cœur, dans l’instant –
propre à chaque domaine, qui ouvre la voie à un mouvement juste.
Un galop habité.
La présence : s’affranchir du temps linéaire
L’un des plus grands défis dans nos vies modernes est d’accepter de sortir du cadre du temps linéaire, ce temps qui nous presse, nous alourdit et nous fait courir après des objectifs sans cesse renouvelés.
À force de suivre ce flot incessant, l’anxiété s’installe.
Chaque minute semble devoir être remplie.
Utile.
Rentable.
La présence nous libère du temps qui passe.
Elle nous reconnecte à un autre rythme.
Un temps qui ne se mesure pas, ne s'évalue pas, mais qui se goûte, se savoure
Un temps vivant,
que la vie traverse.
Souvent sans nous.
Ce temps n’est pas régi par les exigences extérieures,
mais par la qualité de notre attention et de notre présence.
C’est un temps où nous pouvons nous reconnecter à ce qui est véritablement important,
où chaque action devient un élan,
un mouvement empreint de sens.
Parce que le temps, c’est de la vie.
Lorsque nous sommes présents, nous ne vivons pas dans l’attente de ce qui vient ou du regret de ce qui est passé.
Nous vivons pleinement ici, dans ce souffle, dans ce battement de cœur.
Cette qualité d’ancrage, nous pouvons la cultiver.
Chaque jour.
Avec ou sans cheval.
Mais si vous cherchez un guide vivant, sensible et exigeant, il vous attend.
Il vous regarde déjà.
Martine Clerc
2 mai 2025
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